Haiti Education: Entre l’insouciance de l’Etat et le pouvoir réel des bandits : les examens officiels de la 9ème AF sont dans l’impasse dans certaines zones de la capitale.
Si pour la première fois depuis 3 ans le nombre de jour de classe a été plus ou moins respecté cependant dans certaines zones qualifiées de « zones rouges » les candidats aux examens de la 9ème année fondamentale étaient contraints de rester chez eux.
Edmond Kensley pour VIEW WEB MEDIA
Dans une sortie fracassante sur les réseaux sociaux, le fameux chef de gang de Torcel avait lancé un ultimatum aux autorités établies de manière que ces dernières puissent respecter leur part du marché car selon lui ces soi-disant autorités ont eu son support indéfectible pour la prise du pouvoir. Et comme c’est le cas depuis peu, les bandits sont des hommes de parole. Ce lundi 20 juin les résidents des zones de Pernier, de Tabarre, des Routes Frères et de leurs environs s’étaient réveillés sous le coup des armes automatiques.
Quand l’insécurité est devenue la norme
Le grand banditisme sous le regard complice et/ou impuissant de l’Etat est en passe de devenir la règle. Les groupes de bandits dictent leurs lois dans plusieurs zones de la capitale. Ces bandits utilisent les réseaux sociaux pour proférer leurs menaces, ils décident de qui doit mourir et comment. La ville de Port-au-Prince est ceinturée par des groupes de bandits notoires qui font appliquer leurs lois. A l’entrée Sud de la capitale, des gangs rivaux s’affrontent pour le contrôle de territoire, Martissant qui était un quartier paisible où il y avait plus d’une vingtaine d’établissement scolaire est devenu depuis un champ de bataille que plus d’un le surnomme la vallée de la Mort. Au Centre-Ville de Port-au-Prince, depuis les affrontements continuent entre les gangs de Krache dife et de Bel-Air tous les établissements publics et privés ont déserté le centre-ville, de la rue Pavée en passant par Madan Colo à la rue Macajou pour arriver jusqu’à Delmas 2 c’est un désert. Les écoles nationales, les lycées Alexandre Pétion et Daniel Fignolé en font les frais.
A l’entrée Nord de la capitale, il y a d’une part Cité Soleil qui est en guerre depuis quelques temps ce qui a des incidences majeures sur les différents établissements scolaires du plus grand bidonville de Port-au-Prince. D’autre part, toujours à l’entrée Nord de la Capitale il y Canaan qui a son propre gang sans oublier les fameux "Chien Mechant" qui occupent l’autre face de la rentrée nord de la capitale à la hauteur de la Croix des Missions et des autres zones avoisinantes de la plaine du Cul de Sac.
Il y a aussi les 400 mawozo qui quoique divisés occupent une grande partie de la plaine du Cul de Sac ainsi que toute la commune de la Croix des Bouquets ce qui leur donne un contrôle certain sur la route nationale # 8 menant vers des communes comme Ganthier, Thomazeau, Fonds Parisien, etc. sans oublier que les mawozo ont aussi le contrôle de la route Nationale # 3 menant vers le département du Centre. Et pour couronner le tout, on a le groupe de Vitelhomme jadis allié des mawozo mais qui depuis naguère sont des ennemis jurés. Ce chef de gang a le contrôle de Pernier, des routes de frères, de Tabarre et des zones avoisinantes. Il ne faut pas non plus oublier les embryons de groupes de gangs qui sont disséminés dans plusieurs quartiers de Pétion-Ville et dans d’autres quartiers de Port-au-Prince qui sèment de la terreur sans se soucier de la Police qui est quasi absente. D’un point de vue panoramique voilà la configuration de Port-au-Prince pris dans le piège du banditisme généralisé et légalisé.
L’éducation, la première victime du climat insécuritaire
Déjà en proie à un système caractérisé par l’inégalité de chance devant et dans l’école, les élèves issus des quartiers défavorisés sont les principales victimes de la situation d’insécurité qui s’abat sur le pays depuis ces 10 dernières et qui s’est accrue de manière exponentielle depuis ces derniers mois. A ce propos, les élèves de Martissant ont déserté la zone depuis l’éclatement des conflits entre les gangs rivaux en juin de l’année dernière, pendant environ un mois la majeure partie des écoles de la Plaine du cul de sac et des zones avoisinantes ont fermé leurs portes suites aux guerres de Gang opposant Chien Méchant aux 400 mawozo, sans oublier les différents jours de classe perdus par les élèves de la commune de la Croix des Bouquets qui vivent aux caprices des marquis de 400 mawozo.
Après une année aussi mouvementée un grand nombre de candidats aux examens de la 9ème année étaient contraints de cloitrer chez eux suites aux tirs nourris et des barricades enflammés qui jonchaient certaines rues de Tabarre, des routes de Frères et d’autres zones voisines. Suite à cette situation, le ministère a sorti un communiqué dans lequel il se dit prendre en compte le cas des candidats qui n’ont pas subi les épreuves du premier jour dans les zones frappées par les turbulences.
Faudrait-il se demander quelles sont les dispositions qui ont été prises par les autorités sur le plan sécuritaire pour garantir aux candidats qu’ils peuvent gagner les sièges pour les deux jours restants? Quels sont les dispositifs qui seront mis en place pour aider les candidats sur le plan psychologique pour qu’ils puissent composer avec toutes les séquelles et sévices psychiques qu’ils ont subis après ce premier jour raté ? C’est un ensemble de questions parmi tant d’autres qu’on pourrait se poser mais pour lesquelles nous n’aurons sans nul doute pas de réponse.
Kensley Edmond
C'est une triste réalité
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